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Akira Kurosawa

Alain Bonfand : Le cinéma d’Akira Kurosawa (Vrin, 2011)

Les cinéphiles et les musiciens – ceux qui aiment le cinéma et ceux qui sont aimés des muses – n’auront pas besoin de cette note pour aller lire le dernier ouvrage d’Alain Bonfand. Ils savent qu’on peut trouver dans un livre matière à continuer le travail des images. Et ils trouveront, de fait, dans ces pages matière à rêver et à réfléchir : ils trouveront dans la libre suite des images qui prend pour fil directeur les huit courts-métrage du film Rêves (1990) de quoi recomposer la cohérence d’une œuvre (celle de Kurosawa), comme ils trouveront aussi dans les pensées qu’elles soulèvent de quoi prolonger la réflexion entreprise par l’auteur en 2007 dans son essai sur Le cinéma saturé (PUF). On ne s’étonnera pas de ce croisement qui n’a rien de forcé, ne résulte d’aucune violence pour contraindre les images à entrer dans le cadre d’une quelconque théorie. (Aucune violence au contraire dans ce livre qui, parfois, suggère le concept plus que vraiment il ne l’affirme.) On ne s’étonnera pas que le cinéaste et le philosophe puissent se rencontrer. Il suffit d’y aller voir : « le cinéma de Kurosawa est le cinéma de l’excès » (p. 132), qui cherche « comment montrer ce que l’on ne peut pas soutenir du regard » (p. 80), un cinéma « taraudé par ce besoin et cette ambition de filmer la mort, le soleil, phénomènes en excès et qui aveuglent » (p. 113). (Voilà pour le phénomène saturé, concept emprunté à la phénoménologie de Jean-Luc Marion.) Ou bien il suffit de relever telle phrase de l’auteur : « Cette idée que ce que je vois, je ne le vois que parce qu’il m’apparaît, est aussi tout simplement une définition du cinéma » (P. 128) et noter que la même définition, exactement la même, pourrait convenir à la phénoménologie. (Cette idée, notons-le au passage, Alain Bonfand l’expose à la faveur du commentaire d’une scène de Dersou Ouzala, la même justement que commente Claude Romano à la fin de son dernier ouvrage, Au cœur de la raison, la phénoménologie, p. 907 sq, au moment d’expliquer le concept husserlien de monde-de-la-vie : « Le soleil, il suffit de voir ce qu’il est pour savoir », p. 908.) Ce qui apparaît, et même ce qui aveugle – même l’inmontrable de l’angoisse (p. 102 sq), l’infilmable de l’horreur (p. 164) – le cinéma nous y reconduit, comme au savoir le plus simple et qui a besoin pourtant d’œuvre d’art, au moins lorsque ces œuvres ont la puissance des films d’Akira Kurosawa.
Jérôme de GRAMONT

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