Description
Yves Humann se place d’entrée sous le parrainage de Philippe Jaccottet. Il voudrait éloigner ce qui nous sépare du clair, mais n’y parvient pas, se définissant lui aussi comme le pire écolier, il semble naturellement s’attacher aux aspects négatifs, maisons décrépites, saleté des rues plus qu’à la beauté des fleurs en pleine lumière. C’est un homme courroucé contre ce monde et contre lui-même. D’autant qu’il sait le voile d’illusion posé sur la réalité, voile de Māyā, dit-on en Inde, qui pose la dualité dans l’univers phénoménal que confortent nos sens et notre raison, quand il s’agirait de transcender cette chimère pour savoir et surtout expérimenter que le soi et l’univers ne sont qu’un. Ainsi peut-on lire dans la première partie du recueil : et le voile toujours / entre / les yeux / entre les bouches / entre les cœurs / le voile. Les mots eux-mêmes sont des mirages le verbe est impuissant / à toucher la matière et plus loin quand le logos a recouvert / le monde de son voile / que reste-t-il pour l’attention ?