MONOD Théodore
Ecrivain, scientifique
Descendant d’une lignée paternelle de cinq pasteurs protestants, il est le fils de Dorina et Wilfred Monod, fondateur de la fraternité spirituelle des Veilleurs. Il a trois frères, Gabriel (mort-né en 1892), Maximilien Vox et Sylvain (né en 1896), et il est l’oncle de Sylvère Monod.
En 1907, sa famille s’installe rue du Cardinal-Lemoine à Paris lorsque son père est nommé pasteur de la paroisse de l’Oratoire du Louvre. Dès l’âge de 5 ans, ses parents qui habitent sur la colline Sainte-Geneviève l’emmènent visiter la Ménagerie et le Jardin des plantes, faisant naître sa vocation de naturaliste. À 16 ans il fonde une Société d’histoire naturelle qui édite un bulletin et a quatre adhérents dont André Gide4. Il réalise ses études secondaires à l’École alsacienne et devient à 20 ans assistant stagiaire au laboratoire des pêches et productions coloniales d’origine animale au Muséum national d’histoire naturelle. C’est à ce titre qu’il effectue en 1922 une mission d’étude océanographique et de biologie marine à Port-Étienne sur les côtes de Mauritanie (étude des phoques moines dans la presqu’île du Cap Blanc). Sa première méharée lui donne la passion du désert, surtout du Sahara qu’il arpentera pendant plus de soixante ans, à dos de dromadaire, ou à pied, à la recherche notamment d’une météorite mythique. Ce faisant, il découvrira de nombreux sites néolithiques et révélera des espèces végétales dont certaines portent son nom.
Il est titulaire en 1921 d’une licence de sciences naturelles (thèse d’ichtyologie), qui, à l’époque, comportait trois certificats : géologie, zoologie, botanique. Il obtient son doctorat ès sciences en 1926 (thèse soutenue à la Sorbonne intitulée « Contribution à l’étude des Gnathiidae » avec notamment une monographie sur un crustacé isopode, le Paragnathia formica).
Théodore Monod devient directeur de l’Institut français d’Afrique noire, créé à Dakar en 1936 et qu’il a rejoint en 1938, faisant de cet organisme le plus grand centre scientifique de l’Afrique-Occidentale française.
Il effectue avec Auguste Piccard en 1948 au large de Dakar la première plongée en bathyscaphe, FNRS II. Celle-ci, expérimentale, atteindra la profondeur de 25 mètres. La plongée suivante sera plus probante mais se fera sans Théodore Monod.
Il est professeur au Muséum national d’histoire naturelle de 1946 à 1973, membre de l’Académie des sciences d’outre-mer en 1949, de l’Académie de marine en 1957, et membre de l’Académie des sciences en 1963.
Œuvres littéraires
La Mort de la « Baleine rouge », nouvelle historique (88 pages), 1929, éditée par Desclée de Brouwer en 2004
Méharées, exploration au vrai Sahara, Je sers, Paris 1937, réédition Actes Sud, coll. « Babel », 1989
Livre des prières (tiers-ordre des veilleurs), Labor et Fides, Genève 1937
L’Hippopotame et le Philosophe, 1942, rééd. 1946 non censurée, rééd. Actes Sud, 1993 (texte de 1946)
Bathyfolages, plongées profondes, Julliard, 1954, réédition Actes Sud, 1991
Les Déserts, Horizons de France, Paris 1973
L’Émeraude des Garamantes, souvenirs d’un Saharien, L’Harmattan, Paris 1984, rééd. Actes Sud, 2001
Et si l’aventure humaine devait échouer, 1991, réédition Grasset, 2000
Le Fer de Dieu. Histoire de la météorite de Chinguetti, avec Brigitte Zanda, Actes Sud, 1992
Ballade de mes heures africaines, Babel, Mazamet 1993
Désert libyque, Arthaud, 1994
Maxence au désert, Actes Sud, Arles, 1995
Majâbat Al-Koubrâ, Actes Sud, 1996
Le Chercheur d’absolu, le cherche midi, 1997
Terre et Ciel, Babel, entretiens avec Sylvain Estibal, Actes Sud, 1997
Les Carnets de Théodore Monod, rassemblés par Cyrille Monod, Le Pré aux Clercs, 1997
Révérence à la vie, conversations avec Jean-Philippe de Tonnac, Grasset, 1999
Paix à la petite souris, Desclée de Brouwer, 2001
Tais-toi et marche…, journal d’exploration El Ghallaouya-Aratane-Chinguetti, Actes Sud, 2002
Dictionnaire humaniste et pacifiste, essai, le cherche midi, 2004
Œuvres scientifiques
La bibliographie scientifique de Théodore Monod comprend environ 700 références scientifiques allant du sujet de sa thèse, les Gnathiidae, publié en 1923, jusqu’au sujet qu’il a porté dans son cœur jusqu’à sa mort, les Scaridae : sujet sur lequel il a publié une monographie en 1997, en collaboration avec le chercheur canadien Andrea Bullock.