Description
148 p., Broché.
Parution septembre 2015
La presse
Le Figaro littéraire (22/10/2015), par Astrid de Larminat : « Céleste Vagabond. Courez lire ces merveilleux poèmes écrits par-dessus l’épaule de Blaise Pascal. Pourquoi Pascal ? A cause de la fragmentation de ses Pensées et de l’unique énigme qui les travaille ; et parce qu’à leur école, raconte l’auteur, il a compris que nos pensées ne viennent pas de l’intérieur mais nous sont données du dehors : il n’y a qu’à les recevoir. Où qu’il se trouve donc, le poète interroge les choses. « Je poursuis une procession de fougères, qui, crosses dressées, cheminent comme des oies vers la rivière / M’assois sur les genoux de la berge. » Ces poèmes, des quatrains composés de versets, sont, dans le même mouvement, brefs et amples. Leur prosodie arythmique les fait claudiquer gracieusement. Ce quelque chose de pensé, comme la tête d’un oiseau qui s’incline pour mieux voir, font danser lentement les scènes familières qui composent ce recueil avec les sphères célestes. « Crois-tu au paradis qui est le temps du désir, ou chacun se consume et jamais ne se dissipe ? » Avec Pierrick de CHermont, on y croit, et on croit même qu’il est déjà là, quelque part, embusqué ».
Le Monde des Livres, Didier Cahen : « Voir l’invisible ? Saisir l’insaisissable ? En jetant un oeil par-dessus l’épaule de Blaise Pascal, Pierrick de Chermont choisit de déblayer le terrain. Sous les « jambes de fourmis, (relevées) à l’infini », on joue à deviner ce qu’il sait nous cacher.
Recension J.P. Lemaire, dansEtudes.
– Par-dessus l’Épaule de Blaise Pascal « donne à la poésie spirituelle un visage nouveau et attirant »
– Ce qui unité les Pensées de Pascal et l’ouvrage de Pierrick de Chermont, « c’est la manière dont naissent les notations, philosophiques ou poétiques ».
– Chez Pascal, c’est au croisement entre sa « conversation intérieure » et les mille occasions suscitées par la vie urbaine, parisienne ; pour Pierrick de Chermont, c’est au carrefour du moment présent, où se rencontrent ce qu’on voit, ce qu’on croit, ce qu’on reçoit, à la campagne, en ville, à l’étranger…
Recension de Sabine Huynh, La Quinzaine littéraire.
– « Par-dessus l’épaule de Blaise Pascal consiste en un partage des réflexions, des idées et des observations subtiles et claires d’un poète qui sait ce qu’être dans le monde signifie »
– «Par- dessus l’épaule de Blaise Pascal est donc un recueil de poèmes philosophiques, qui n’est pas sans nous rappeler Feuilles d’herbe de Walt Whitman »
– « Ce qui est frappant avec ce livre, c’est la main tendue, l’acte et le désir de resserrer les liens avec autrui »
– « Écouter c’est se donner à autrui, écouter c’est donner de soi, écouter est un acte charitable, un don d’hospitalité, une générosité de cœur, et c’est tout cela que l’on retrouve dans Par-dessus l’épaule de Blaise Pascal, «
– » Les poèmes sensibles et insistants de Pierrick de Chermont sont comme ces regards chargés de sens que l’on s’échange sans se parler : on s’en souvient. »
Extrait
Voici le silence. Il vient de la nuit et pénètre les entrailles
du pré. Il réveille une branche,
Frémit près d’une étoile et s’incline sur mes pensées qu’il
referme une à une.
J’esquisse un pas dans l’invisible, suis le vol d’un pinson et
le balancement d’une branche.
La pluie, ce n’est pas des larmes mais la marque d’une
économie faite à notre mesure. Tremble,
mais ne crains pas
Postface (extrait)
À propos des Pensées d’un certain Blaise Pascal
Je n’aurais jamais cru vivre avec les Pensées, surtout après les avoir lues la première fois. Elles sont touffues, plus noires qu’une forêt de pins. Certains ont été éblouis par leurs éclats de lumière. Je n’y vois qu’obscurité et zébrures de lointaines explosions. Mais, des années durant, sans me l’expliquer, je m’en suis rapproché. Avec prudence, me tenant à leurs côtés, sans rien faire. Puis elles se sont mises à me travailler.
À force, j’ai découvert son regard, à lui, Blaise Pascal. Il fixe un point au loin. Parle-t-il à lui-même ou à un interlocuteur invisible ? Ou à moi-même, qui suis dans son dos, n’ai pas vécu son temps et suis maintenant plus vieux que lui ? Il peste, il râle, il s’enflamme, mais, depuis le temps, c’est à peine si je l’écoute. Je doute qu’il veuille convaincre. Sa voix n’est que le bord de ses pensées. Il fallait que je passe à travers. À force, son phrasé s’est ralenti, chacune de ses syllabes s’est détachée de l’autre. Sa pensée est tout entière dans son regard, dans une expérience de vie. Alors, de sa parole ont surgi les visages rencontrés, les lieux mêlés de lectures, de silences et de méditations. Pas d’intérieur ou d’extérieur, mais l’expression unifiée du présent. Par ses Pensées, Pascal cherche un présent que pareillement je poursuis. À le lire, j’ai vu ses yeux baignés d’une amoureuse amertume, son corps pris de tremblements, son cœur d’un désir de rencontre inassouvi. Car Blaise Pascal est seul dans sa quête. On ne peut qu’être frappé par l’immensité de sa solitude. Il n’y a pas de place pour le rejoindre. Pas de nous possible. Ou alors, il faut épouser sa solitude, être la solitude même, quand la parole devient un simple mouvement sonore, semblable à la respiration ou aux battements du cœur dont on ignore la source et la destination. Tel est peut-être le témoignage qu’il destinait à ses lecteurs : disparaître pour n’être que ce regard, attentif, douloureux, amoureux d’un présent inaccessible. Oui, je crois que les Pensées de Pascal sont un appel à un présent en plénitude. Mort, il le quête encore, pour son compte et le nôtre. Une vie au présent, apaisée, rétablie, offerte.
Alors j’ai repris une à une ses Pensées. J’ai vécu leur collection d’heures, communié à ce qu’elles fixaient. Comme mes jours, je les ai trouvées impulsives. Non pas fragmentaires mais denses et striées comme de la pierre. Mes paysages se mirent à leur ressembler, lave immobile chargée de débris, d’inquiétude, d’égarement, de bredouillements, de colère, d’assertions folles, de souci, d’admiration, avec en leur centre les eaux d’un marmonnement sans âge et sans fin. À leur école, j’ai compris être victime d’une illusion : on croit que les pensées vont de l’intérieur à l’extérieur. C’est exactement l’inverse. Nos pensées viennent du dehors. Il m’a fallu de la patience pour retrouver leur mouvement initial, pour ressentir le vent qui les traverse. Quelle surprise de constater, que ce qu’on croit de plus intime et de plus enfoui en nous, nos mouvements intérieurs, vit au-dehors de nous, et qu’il exprime bien davantage que nous-mêmes.