Isaïe

Extrait de la postface littéraire de Stéphane Barsacq :

« Isaïe annonce-t-il le Nouveau Testament dans la langue, la trame et les mœurs de l’Ancien ? Pour les chrétiens, les grandeurs ne se distinguent pas : elles s’accomplissent. Il n’y a ni confusion ni opposition, mais révélation. Le serviteur souffrant est-il le peuple juif dans son ensemble, comme le veulent certains exégètes ? Est-il Jésus, comme tout l’annonce ? Pour Pascal, par exemple, Jésus – porteur de la salvation ultime – est authentifié par Isaïe, lequel visait le salut de Jérusalem, qui est toujours en débat. Comme l’a écrit fortement André Suarès, avec au cœur la même vision paraclétique que celle de Léon Bloy, qui est aussi la vision du dernier René Girard : « saint Jean à Pathmos, saint Paul à Damas sont enracinés dans la Bible jusqu’aux dernières fibres de la profondeur. Jamais on ne séparera les deux testaments. L’abject démon vomi par l’enfer a eu la vraie doctrine de la haine et de la guerre : dans son délire, il a voulu détruire l’israélite et le chrétien l’un par l’autre, Israël et le Christ. » Isaïe contient Jésus, comme Jésus contient Isaïe – même si Jésus retourne la Loi, en lui donnant sa vie. »