Description
Féerie, ma perte dynamite le mythe du Golem et les récits de la création. Désir, enfance et chute s’y incarnent dans un castelet de marionnettes lesbiennes, entre incantation mystique et théâtre sadique. Poésie joycienne, dramaturgie baroque, visions obscènes : ici, le verbe devient rituel, la poupée, martyre, et Maman, une démiurge amoureuse et cruelle. L’écriture traverse les chairs et les icônes, pulvérise les distinctions entre corps et langage, entre sacré et inerte. Subversion métaphysique, féerie pornographique : chaque poème est une offrande, une fracture du réel.
Ce livre s’est imposé, dicté par une force intérieure plus ancienne que le langage – messe dévoyée célébrée dans l’ombre du ventre maternel, où les dieux sont faits de sciure et de silence.
Au tout départ, cette image : un castelet, une poupée brisée, une femme — Pupa — parlant à travers les lambeaux de l’enfance. Elle convoque Maman, figure fondatrice, démiurge sauvage, prestidigitatrice d’un monde qui vacille entre création et malédiction.
Dans ce recueil, Paloma Hermina Hidalgo ne décrit pas : elle incarne. Elle déchire les voiles du mythe, inverse les sacrements, fait de l’obscène une voie d’accès au divin. Car ici, le sexe ne flatte pas, il ouvre. Il transperce l’icône. Il devient langage brut, outil mystique, lieu d’apparition. Chaque poème agit comme un couteau liturgique : il coupe dans la chair du symbole, il saigne Dieu pour voir ce qu’il reste dans ses veines.
Féerie, ma perte n’illustre rien. Il opère. Il fracture les distinctions : entre corps et esprit, poupée et fille, créatrice et créature.
La langue s’autorise tout ce que la littérature polie refuse : l’excès, la laideur, la sainteté obscène.
Au cœur de l’œuvre, une conviction — mystique autant que métaphysique : ce qui ne peut être contenu dans le corps doit être prononcé. Et si le corps est une prison, alors les poupées sont ses doubles brisés, ses reflets vengeurs. Elles parlent, elles gémissent, elles rient de douleur. Elles deviennent oracles d’un monde où Dieu a déserté et où seule Maman reste, amoureuse et cruelle.
Paloma Hermina Hidalgo écrit depuis ce lieu : un seuil. Là où le sens chancelle, où l’écriture se souvient d’être une magie.
Chaque prose, un cercueil ouvert.
Chaque poupée, une martyre qui témoigne du désir comme abîme sacré.